Depuis que ma Ninon est partie Ma tête est un capharnaüm Et pour oublier mon amie Je fume le troublant opium Dans ses fumées aux teintes roses Je vois cent mille apothéoses
Je suis dans le jardin d'Armide La princesse me fait la cour En baisant sa main de Sylphide Je suis envoûté par l'amour Dans cette odorante atmosphère Je ne peux plus lui résister Car dans ses bras elle m'enserre Pour me donner la volupté Elle a le pied de Cendrillon Comme celui de ma Ninon
Petite fumée emporte mon rêve Dans un songe bleu qui trop tôt s'achève Armide va-t-en mon coeur est fermé Tu n'es pas Ninon, tu n'es pas Ninon Je ne veux pas t'aimer
Me voici voguant sur les ondes Comme de tout petits bachots Et Vénus, la blonde des blondes Pour me captiver sort des flots Elle me fait de la prunelle Et semble me dire : "Viens donc !" Elle est nue ! Oh ! Comme elle est belle ! On dirait le corps de Ninon ! Elle cherche à m'ensorceler Pour me prendre et me cajoler.
Petite fumée, emporte mon rêve Dans un songe bleu qui trop tôt s'achève Non, tu ne pourras jamais me charmer Tu n'es pas Ninon, tu n'es pas Ninon Je ne veux pas t'aimer
Mais où suis-je ici, c'est Le Caire ? J'ai des eunuques pas bavards, Autour de moi mille mouquères Me font la danse des foulards. Fatma, la brillante sultane Vient m'enfermer dans son boudoir Tout autour de moi l'amour plane Et je lui jette le mouchoir Femme, plus de séduction Fais cesser ma damnation
Petite fumée emporte mon rêve Dans un songe bleu qui trop tôt s'achève O belle Fatma, cesse de danser Tu n'es pas Ninon, laisse-moi dormir, je ne veux pas t'aimer