Son père est un vieux paysan Mais lui, qui méprise la terre, Est un monsieur, un étudiant Qui fait son droit, futur notaire, Travaille-t-il ? Et à quoi bon ? L'amour le grise et l'ensorcelle Il préfère au bois de Meudon Rêver près de Margot la belle Sur l'herbe au parfum de printemps C'est si bon d'aimer à vingt ans
Tapis vert de mousse fleurie Où le pied se laisse glisser Tu nous pousses aux tendres folies Quand sur toi on vient s'enlacer, L'étudiant et Margot la blonde Recherchaient les sous-bois déserts Oubliant les tourments du monde Ils s'aimaient sur le tapis vert
Ses parents n'envoient plus d'argent Ayant appris la vie qu'il mène, Pour vivre, il lui faut maintenant Travailler toute la semaine Dans une banque de Paris Parmi les grands livres de caisse Sur une table au vert tapis Dans ses mains passent les richesses Il entasse des billets bleus Qu'il convoite de tous ses yeux Ah ! Ah !
Tapis vert aux teintes flétries Tout couvert de billets jolis Tu nous pousses aux pires folies Tu nous grises et nous étourdis Le rêveur perdait la boussole Ses regards jetaient des éclairs Il songeait à des choses folles Fasciné par le tapis vert
Il a volé, oh presque rien, Quelques billets, la belle affaire Parbleu ! Il les rendra demain Puisque le jeu va le refaire Au baccarat qui l'a tenté, Le vertige de lui s'empare Les poings crispés, l'œil dilaté Il sent que sa raison s'égare Sur le tapis couleur d'espoir Il a jeté tout son avoir
Tapis vert, tapis d'infamie Devant toi sombre le cerveau Tu nous pousses aux douces folies Tapis vert des louches tripots Le voleur, la face blêmie, Acharné dans un jeu d'enfer Perdit tout, l'honneur et la vie Et roula sur le tapis vert