Dans chaque ville vit un enfant caché Un gosse qui ne sait rien d’un passé trop chargé Par manque de pécule, ses parents l’ont lâché Il n’a pour matricule qu’un berceau, un hochet Fils d’un autre destin, victime de désirs utérins Bienvenue chez les terriens, au premier jour sur le terrain Tu es de ceux que l’on nomme orphelins Souviens toi de ce blase, il t’appartient jusqu’à la fin Les gens t’ignorent car ils ont 30 millions d’alibis Ou bien préfèrent adopter un autre môme en Asie « Ça fait plus vrai, et puis ils en ont trop » Je déteste ces plans de cathos qui jouent à Noé sur un bateau Je t’écris ce recueil pour que l’amour te cueille Pour que tu fasses ton deuil dans une vraie famille d’accueil Rassure toi, t’es pas le seul, on manque tous de repères Derrière ta cachette se trouve la lumière.
L’enfant caché Ou l’enfance gâchée De souvenirs trop chargés De rêves en papier mâché Puis recrachés
Dans chaque ville vit un enfant caché Un gosse pour qui le crime n’était pas un péché Coincé entre les murs, trop souvent recherché Il a perdu l’espoir de se faire embaucher À sa sortie, il côtoie les mêmes amis Les mêmes ennemis, la même frénésie, les mêmes manies Son retour aux sources est un retour aux blocs Il est tout seul dans sa course et tous les autres s’en moquent Voleur à la petite semaine, toujours en week-end Il flâne, il plane du premier jour au trentième Ses parents ont du mal, pourtant sont restés dignes Mais le quartier prend le dessus alors ils s’alignent À 18 ans, les problèmes deviennent majeurs Il passe du statut de vedette au statut de branleur Du cocon familial au béton carcéral Il sent seul, seul dans ce bal
L’enfant caché Ou l’enfance gâchée De souvenirs trop chargés De rêves en papier mâché Puis recrachés
Dans chaque ville vit un enfant caché Dont les cauchemars de môme l’ont laissé retranché Parfois il me ressemble, caractère écorché Souvent il me regarde contre l’évier penché Influencé par le tumulte de la rue, toujours incessant Qui transforme l’insouciance de gosses en galères d’adolescents J’ai passé mon temps à laisser le temps m’envahir Dans ces rêves sans trêves qui ne cessent de m’assaillir Choisir son destin ça maintient, mon festin Serait d’être maître de moi-même malgré les contraintes du système Qui me dévisage, donc je vis en marge Manigance à outrance, bref fait les démarches Pour pouvoir user de mon expérience et ainsi aboutir Dans ce monde trop immonde, qui petit à petit dégringole Les jeunes cerveaux se décollent et finissent dans la picole Et l’école, devenue un frein pour ceux qui respirent du Dethol Amassent le fric pour pouvoir se payer un atoll Et non, j’extrapole pas, je sais de quoi je parle, je parle Pour tous ceux qui sont loin de chez eux, les exclus Ceux pour qui les larmes se déversent dans la rue ( dans vos rues, dans nos rues )