Ils sont d'une couleur unique Le bleu, Ce n'est pas le bleu angélique Mais pour un peu On les prendrait bien pour des anges Un peu déchus, un peu tombés Tant ils ont le regard étrange De bleu cerné Bien curieuse est leur tendresse Pour peu Qu'on s'y abandonne, ils vous laissent Couverts de bleus Ils brûlent en ne voulant le dire Ou seulement par dérision Ils sont les premiers à sourire De leurs passions Mais quand trop fort ça tourbillonne Quand c'en est trop d'avoir quinze ans Trop dur de n'attendre personne D'aimer si fort, sans rien dedans Sans rien dedans Ils se dessinent à l'encre bleue Des larmes Par jeu
Ils sont d'une couleur précise Ce bleu Par quoi tant d'autres se déguisent Oui, mais pas eux Ils le malmènent, ils le délavent Le portent au-delà des saisons En piétinant la mode, ils savent Qu'ils ont raison Ils sont de la couleur des vagues Ou mieux De ces bleuets qui se divaguent Au chemin bleu Au milieu des champs bien trop sages Oubliés par le désherbant Ils sont cette traînée sauvage Bravant le temps
Mais quand trop fort ça déménage Quand c'en est trop d'avoir treize ans De cogner son cÂœur à la cage Et quand grandir met trop de temps Trop de temps Ils se dessinent à l'encre bleue Des larmes Par jeu
La la la la
Si l'amour déjà monte en graine Chez eux C'est un rempart contre la haine Contre le feu En les voyant toujours j'espère Qu'ils n'iront pas jusqu'au moulin Et que leurs graines dans la terre Feront demain, Feront un monde à leur mesure Où bleu Et rouge et vert et sans fêlure Vivront heureux Et même si parfois ils doutent Si leur cÂœur est trop lourd pour eux Je leur dis, voyant sur la route Qu'ils ont le bleu
Ne boudez pas votre tendresse Il se peut qu'elle vous tienne chaud C'est pour aimer que le temps presse Même si c'est un peu trop tôt Un peu trop tôt Même si tombent sur le bleu Des larmes C'est peu