L'enfant qui pleure au fond du puits Sans qu'on veuille l'entendre L'enfant qui pleure avait promis De garder le cœur tendre
L'enfant qui pleure avait gardé Tous les soleils, tous les étés Goûté l'eau de tous les ruisseaux Volé avec tous les oiseaux
Elle savait aimer si gai Elle pouvait aimer si vrai Que l'amour, même le plus fou Devait fleurir à ses genoux
L'enfant qui pleure au fond du puits A rêvé des merveilles Pour pas l'entendre, moi, je fuis Me bouchant les oreilles
Elle avait des sourires d'eau Des rires fleurs, des rires chauds Elle avait des larmes de blé Quand elle retenait l'été
Elle attendait d'autres moissons D'autres envols, d'autres saisons Qui lui défroisseraient le cœur Qui lui feraient pousser des fleurs L'enfant qui pleure au fond du puits Possédait les nuages Se tressait des nattes de pluie Pour ses dimanches sages
Quand elle parcourait les champs Une colchique entre les dents Niant que ce fût un poison La plante lui donnait raison
Quand elle déclarait au vent "Restez, vous êtes mon amant" Elle était libre et croyait bien Pouvoir courir tous les chemins
Nous avons chacun notre puits Où meurt un enfant tendre Nous l'entendons pleurer la nuit Sans jamais bien comprendre
Mais nous abandonnons l'enfant Nous faisons trois pas en avant On nous décore, on nous dit "oui Maintenant vous êtes guéri"
Et nous découvrons le bonheur Une étagère pour le cœur Le vent se calme et les étés Recoïncident avec juillet L'enfant qui pleure avait promis De garder le cœur tendre Oh, s'il vous plaît, murez le puits Je ne veux plus l'entendre