Les Marins Du Petit Jour Dans le ciel, par-dessus la ville, Un clown tout gris, un clown tout blanc, Par–dessus les toits de la ville Dansent sur les hautbois du vent, Les cheminées en file indienne Et foulards de soie les escortent, Vêtues de gris, vêtues d'antennes, D'oiseaux-lyres et de harpes mortes. Dansent les clowns, tournent, tournoient Dans l'eau d'une aube d'aubépine, Dans le ciel, par-dessus les toits Montent les fumées des usines; Blanches et grises, elles font Et défont leurs fleurs incertaines, C'est l'heure où monte la chanson Des mélancoliques sirènes. Et comme les marins d'Ulysse, Tous les marins du petit jour En entendant la chanson triste Vont se naufrager sans retour, Marins de l'aube, marins des rues, A la voix triste des sirènes, Dans la rumeur, dans la cohue, Ils se naufragent par centaines. Dans le ciel, par-dessus la ville, S'installe le grand chapiteau, Dansent les pantins malhabiles, Les Arlequins et les Pierrots, Et des carillons pleins d'oiseaux Jettent la gamme des couleurs, Tous les clochers, tous les échos Egrènent les coups de sept heures. On dirait qu'ils tordent leurs mains, Mes clowns rêvés, imaginaires, Il est sept heures du matin, Le jour commence à les défaire, Puis il ne me reste plus rien, Rien qu'une traînée de brouillard, Il est sept heures du matin Dans une ville, quelque part...
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