Dans la villa de la belle mondaine Ce soir on danse, de la fête, elle est reine Et se raillant de son amant jaloux A tous les hommes elle fait les yeux doux Dans le jardin rêvant parmi les roses Un étranger s'approche et dit : oui j'ose Vous dire Ninon que votre grande beauté N'a jamais fait que souffrir et pleurer Ecoutez bien par ce soir de printemps Cette chanson que vous chante un passant
Ne rendez pas les hommes fous Leur pauvre cœur est un joujou Qui dans vos mains de femme exquise Tourne, chancelle et puis se brise Belle prenez bien garde à vous Les fous parfois se rient de tout En un jour de folie On peut briser sa vie
Ninon partit d'un grand éclat de rire Caché, l'amant écoutait sans rien dire Mais il songeait : oui cet homme a raison Je deviens fou, il faut quitter Ninon ! Le vin pétille, les violons sont en fête Lui s'est enfui sans détourner la tête Reine du bal, entourée de sa cour Ninon grisée a valsé jusqu'au jour Le lendemain elle reçut simplement Ces quelques mots tracés par son amant
Ne rendez pas les hommes fous Leur pauvre cœur est un joujou Qui dans vos mains de femme exquise Tourne, chancelle et puis se brise Et je m'en vais bien loin de vous Guérir mon pauvre cœur jaloux Vers la rive fleurie Où tout passe et s'oublie
Dans la villa de Ninon plus de fête Toute la nuit, tout le jour elle guette Comment cet homme qu'elle a tant fait pleurer Comment cet homme a-t-il pu la quitter Et maintenant c'est lui seul qu'elle désire «Allons Ninon, tu ne veux donc plus rire ?» Dit une amie, il faut te consoler Un de perdu ça fait dix de retrouvés «Ne raillez pas dit Ninon tristement, Ecoutez bien la chanson du passant
Ne rendez pas les hommes fous Leur pauvre cœur est un joujou Qui dans vos mains de femme exquise Tourne, chancelle et puis se brise Belle, prenez bien garde à vous Les fous parfois se rient de tous En un jour de folie Moi, j'ai brisé ma vie !