Puisque tu te promènes Avec tous tes Picasso Et puisque tu t'entraînes A la dictée et au judo Et puisque cinq fois par semaine Tu termines tes nuits au zoo Je te dirai que rien ne presse Mais que je partirai bientôt
Puisque tu parles avec des roses Des langages anormaux Et puisque les peintres, quand tu poses, Te caressent de leur pinceau Puisque tes métamorphoses Me touchent bien moins que tes mots Je te dirai que rien ne presse Mais que je partirai bientôt
Puisque tes amitiés funestes Ne sont que des coups d'épée dans l'eau Et que tu confonds tout le reste Avec des symphonies et des sanglots Et même avec tous tes orchestres Si tu remontes tes tréteaux Je te dirai que rien ne presse Mais que je partirai bientôt
Puisque tu oublies que les routines Dont on t'afflige sans répit Ne sont que des manœuvres enfantines Dont tu t'es facilement sortie Et puisque tes frères misogynes T'accusent à raison de folie Je te dirai que rien ne presse Mais que je partirai bientôt
Puisque avec tous tes locataires Tu incinères tes tableaux Et puisque tu vends sans manières Les diadèmes dont on t'a fait cadeau Enfin, puisque avec tes sorcières Tu me prédis les plus terribles maux Je te dirai que rien ne presse Mais que je partirai bientôt {x5}