J’entendais souvent parler de la ville qu’on dit « rose » Alors un jour qu’on passait j’y ai fait une pause J’ai pas mis bien longtemps à faire de bonnes rencontres Avec le sourire aux dents, ils m’ont dit « Viens qu’on te montre ! »
La capitale des Gones, c’est tout gris, ça pue l’essence Que du béton et de la tôle, à te pourrir l’existence Dans la cité des Gones, ça transpire la richesse Mais si tu viens pour l’aumône, tu t’es trompé d’adresse
Demande au Yougoslave qui te bichonne ton pare-brise S’il n’aimerait pas se faire latchave loin de cette fumée grise Il te fait son plus beau sourire mais t’es pas branché Caucase Dans le chapeau, pas un sou, juste une bonne bouffée d’gaz Demande au rapatrié, s’il en est si content De ce qu’on lui a donné en guise d’appartement « C’est un coin très agréable », qu’ils disaient, « une pure merveille » Avec une vue imprenable sur l’autoroute du Soleil
A ceux qui nous demande d’où on vient Quand on descend du camion On leur dit qu’on est « Rhône-Alpins » Mais dit comme ça, ça fait con « Ah, ouais, j’y suis passé une fois là-haut, C’est pas la top ambiance Je devais rester mais j’étais pas chaud J’ai pas tenté ma chance »
C’est vrai qu’il faut voir l’accueil On t’met tout de suite au jus « Comment ça, t’as pas d’oseille, Bin alors, pourquoi t’es v’nu ? »
Tout le monde a l’air de faire la gueule, Mais il ne faut pas s’y fier Ici aussi on rigole, mais il faut sourire le premier Ici les gens sont de passage Pas le temps de lier connaissance Cramponnés à leurs bagages, Ils attendent leur correspondance
Nous, on est resté, mais on n’est pas masos, On reste groupés, on a nos p’tits réseaux Vu c’qu’on nous propose on préfère se débrouiller tout seul On fait des tas de p’tites choses et ensemble on s’fend bien la gueule Rien d’mieux pour l’inspiration, coincés dans Babylone Ca donne de l’imagination pour faire des trucs qui cartonnent Y’a des idées qui poussent et c’est pas des salades De quoi flanquer bien la frousse aux vieux énarques en parade Y’a des keupons, y’a des anar qui préparent la rébellion Y’a plein de petits lascars qui dansent le Mio Des ch’tis raggamuffins qui jouent avec du gros son Ils sont partis de rien, mais ils connaissent la chanson
Que du béton et de la tôle … C’est la cité des Gones …