J'ai le souvenir d'une nuit, Une nuit de mon enfance Toute pareille à celle-ci, Une longue nuit de silence. Moi qui ne me souviens jamais Du passé qui m'importune, C'est drôle, j'ai gardé le secret De cette longue nuit sans lune. J'ai le souvenir d'une nuit, D'une nuit de mon enfance, Toute pareille à celle-ci, Une longue nuit de silence. Soudain, je me suis réveillée. Il y avait une présence. Soudain, je me suis réveillée Dans une demi somnolence. C'était au dehors. On parlait, A voix basse, comme un murmure, Comme un sanglot étouffé, Au dehors, j' en étais sûre. J' ai le souvenir d'une nuit, D'une nuit de mon enfance Toute pareille à celle-ci, Une longue nuit de silence. J'allais, à demi éveillée, Guidée par l'étrange murmure. J'allais, à demi éveillée, Suivant une allée obscure. Il y eut, je me le rapelle, Surgissant de l'allée obscure, Il y eut un bruissement d'ailes Là, tout contre ma figure. C'était au cœur de la nuit. C'était une forêt profonde. C'était là, comme cette nuit, Un bruit sourd venant d'outre-tombe. Qui es-tu pour me revenir ? Quel est donc le mal qui t'enchaîne ? Qui es-tu pour me revenir Et veux-tu que, vers toi, je vienne ? S' il le faut, j'irais encore Tant et tant de nuits profondes, Sans jamais revoir l'aurore, Sans jamais revoir le monde Pour qu'enfin tu puisses dormir, Pour qu'enfin ton cœur se repose, Que tu finisses de mourir Sous tes paupières déjà closes. J'ai le souvenir d'une nuit, Une nuit de mon enfance, Toute pareille à celle-ci Froide et lourde de silence...