La fille, pour son plaisir, Choisit le matelot. L'eau voulut des navires Pour voguer à son eau. L'homme choisit la guerre Pour jouer au soldat Et partit pour la faire Sur l'air de "Ca ira". Bref, chacun possédait Ce qu'il avait souhaité. Moi, je voulais un homme Ni trop laid, ni trop beau, Qui promènerait l'amour Sur les coins de ma peau, Un homme qui, au petit matin, Me prendrait par la main Pour m'emmener croquer Un rayon de soleil. Moi, je voulais un homme. A chacun sa merveille Et la vie, en passant Un jour, me l'amena. Puis, la fille prit des coups Par son beau matelot. La guerre, en plein mois d'août, Nous faucha le soldat. Le navire qui passait Juste à ce moment-là, Le navire qui passait Prit l'eau et puis coula. Bref, on ne sait pourquoi Mais tout se renversa. Moi, je pris en plein cœur Un éclat de son rire Quand il jeta mon bonheur Dans la fosse aux souvenirs. Je le vis s'en aller, Emportent mon soleil, Emportant mes étés. J'avais voulu un homme. J'aurais dû me méfier : Cette garce de vie, Un jour, me le reprit. Qu'importe si la vie Nous donne et nous reprend Puisqu'ici-bas, tout n'est Que recommencement. La fille, pour son plaisir, Reprendra des matelots. On refera des navires Pour le ventre de l'eau. Y aura toujours des guerres Pour jouer aux soldats Qui s'en iront les faire Sur l'air de "Ca ira". Eh ben moi, je reprendrai un homme. Pas de mal à ça, Un homme. Les hommes, j'aime ça. Un homme, un homme, un homme...