Dans le couloir, Il y a des ailes : L'Aile Sud, L'Aile Nord, L'Aile qui va de l'Est en Ouest. Dans le couloir, Il y a des anges Qui se déplient, Qui se déploient, Disparaissent derrière des portes, La 2, la 6 ou la 23. Dans le couloir Il y a des anges En sandales Et en blouses blanches Qui portent, accroché Sur leur cœur, La douceur de leur prénom. Dans le couloir, Il y a des rires, Des chuchotés Et des éclats. Y a des pâleurs, Y a des urgences. La chambre 12 qui s'en va. Dans le couloir, Y a des appels Qui s'inscrivent en lampes bleues Sur un grand tableau de milieu. Il y a des odeurs, Y a des lourdeurs de fleurs fanées. Il est midi. Y a le bruit des chariots qui grincent Et les odeurs de ragoût froid. Il y a des pas. Il y a des voix Dans le couloir, Devant la 12. Y a des silences, Y a des errances, Y a des sanglots. Il y a des anges En blouses blanches Qui bercent le désespoir. C'est 18 heures. Y a des appels Dans le couloir. C'est l'heure des solitudes Et des angoisses. Dans les chambres, Y a des combats, Y a des victoires, Y a des colères, Y a des courages, Des rémissions, Des espérances, Des volontés de savoir. Il fait chaud, Il fait froid. Il y a la douleur tenace, Des fatigues à n'en plus pouvoir, A ne plus rien vouloir Que dormir, Dormir Seul, Le visage contre le mur. Il est minuit Dans le couloir. Il y a des ailes : L'aile Sud, L'aile Nord, L'aile qui va de l'Est en Ouest. Dans le couloir, Il y a des anges En sandales Et en blouses blanches Qui portent, accroché Sur leur cœur, La douceur de leur prénom.