Nous sommes du pays où la mer et le vent Ont donné aux rêves des enfants Le goût salin des pierres usées par les embruns Et la pluie compagne des chagrins (bis) Un pays si petit face au grand océan Qu'on ne voit pas son ombre au couchant Un trait sur l'horizon fait de quelques maisons De granit et de brun goémon (bis)
Ici par grand soleil aux langueurs des étés Peu de plages où l'on vient se dorer Un nuage effacé ne fait pas oublier Qu'une vague peut tout emporter (bis) D'une roche fragile à l'abord des gros temps Bateau frêle à la cape souvent Quand la Vieille au levant et l'Ar Men au Ponant Veillent toujours la vie des Sénans (bis)
Nous sommes d'un pays qu'on ne quitte jamais Que l'on porte en soi comme un secret Comme un rêve un peu fou d'inscrire au fond de nous Toute l'histoire de ce Caillou
L'Ile de Sein rebelle à l'usure des vents Tient debout et porte ses enfants Ceux qui restent l'hiver ou ceux qu'une misère A poussés vers d'autres continents (bis) C'est la Voix de notre île entendue dans la ville A l'écho des douleurs de l'exil Qui unit chaque feuille que la vie éparpille Et refait l'arbre de la famille (bis)
Ce bel arbre nomade aux branches vagabondes Qui jetait des ponts vers d'autres mondes Revient toujours à terre au cœur de l'île-mère Où ses pas mènent au cimetière (bis) Croisée des grands chemins des vivants des défunts Quand de loin le passé nous revient En écriture d'or près d'un nom familier On découvre « Joie aux trépassés »(bis)
Refrain
Des pierres du village aux murs des petits champs Chacun porte héritage d'antan Quand l'horizon marin vers la Chaussée de Sein Etait pour l'île son grand jardin. (bis) Des siècles disparus le Sénan est têtu Il a pris Patience pour vertu Quand du Sud en Guilcher, du nord en « Loup de mer » Quelqu'un porte toujours nos bannières (bis)
Dans le noir dont les femmes habillent la tristesse Un îlien voit toujours la tendresse Qui éclaire sous la Jibilinenn austère Le beau visage d'une grand-mère (bis) Lui racontant le soir de si belles histoires Qu'elles sont restées dans sa mémoire Comme autant de chansons empreintes du breton Le plus beau, celui de la Maison (bis)
Refrain
Sur la route du phare où l'on flâne rêveurs Au Nifran, au Lenn ou au Gueveur Au Men Brial en vue des bateaux attendus On jette l'ancre sur l'imprévu (bis) Le monde se refait dans les bistrots des quais Où l'on va Iliens ou Paimpolais Par marées de bonheur ou de mélancolie On pourrait chanter toute la nuit(bis)
Refrain
«Qui voit Sein voit sa fin», «Nul n'a franchi le Raz Sans connaître ni peur ni Dégâts» Ces dictons répétés qu'on voudrait oublier Reviennent à l'heure d'embarquer (bis) D'Audierne ou Douarnenez l'Enez Sun est passé Par des grains, des vagues déchaînées Mais l'on garde quand même cette crainte du jour D'un possible départ sans retour (bis)
Notre petit royaume aux mille paysages Mille roches aux terribles visages Nous apporte la paix lorsque le vent se tait Que l'île reprend vie sur les quais (bis) Des ruelles on entend le rire des enfants Ou Kornog à l'église en passant Quitter l'île à l'instant s'éloigner du rocher Ce serait partir à l'étranger (bis)