Quand j' l'ai vue traîner le long de mon avenue Malgré ma canne blanche, je l'ai vite reconnue Avec ses yeux peints couleur mélodrame On fait tout c' qu'on peut du temps et d' son âme
J'attendais la nuit à l'ombre de l'usine J' regardais ma vie comme un vieux magazine Le vent était chaud, le ciel plein de rouge Elle marchait sur un bateau qui bouge
Elle est v'nue vers moi pour m'apprendre mon rôle Quand ma solitude n'était vraiment pas drôle J'ai senti l'orage quand ma voix s'est cassée Mais déjà je dansais comme un clown sur la trace de Salomé
Y avait dans son lit quelques cartes égyptiennes Elle m'a demandé de deviner la mienne Plongeant dans mes yeux, elle jouait les sirènes Moi j'étais son fou, elle était ma reine
Avant de sortir, j'ai volé toutes ses cartes J'en f'rai des souvenirs pour ses amants qui partent Elle semblait dormir, j'ai cru qu'elle rêvait Ma chance est fragile, fallait pas l'user
En sortant, c'est marrant, j'ai pas fait de vacarme Mais j'ai vu ce fou s' pendre au signal d'alarme Une fois dans la rue, j'ai enfin respiré Il pleuvait mais le vent de minuit a chanté pour Salomé
J'entends l' pauvre Oscar appeler saint Jean-Baptiste Pour lui demander si l' temps qui passe existe Sur le bord du puits, quand l'autre a maudit L'ombre en plein midi, personne n'a compris
Oscar est parti sous la nuit d'équinoxe Il a juste laissé sa paire de gants de boxe Tout était en place, le rideau s'est l'vé Les juges ont crié : Place aux condamnés
Tout ça peut paraître une bien étrange histoire La morale est loin dans l' fond de ma mémoire Une bille a sonné comme un vieux bouclier Quand le vent tournera qui venait me parler de Salomé.