J'ai pris à Mackie son costume Mais sa complainte sans appel Qu'il se la chante à Withchapel Je suis allergique à la brume. J'ai acheté, avec les rentes Que me rapportent mes chansons A un taulier de Barbizon, Une guinguette pas marrante Même au plus beau de la saison.
C'est pour mes belles indifférentes Que je voulais mettre en prison ! Ces filles-là sont toutes celles Qui jadis, quand j'avais du cÂœur, M'assassinaient d'un air moqueur Ou bien se prétendaient pucelles. Leurs prénoms c'est monnaie courante L'important, c'est qu'elles soient là En frêles robes de gala Et qu'elles soient restées charmantes, Mes Ophélie de cinéma.
Elles ne sont plus indifférentes, Maintenant, elles ont peur de moi
Elles ne seront plus à personne, Elles garderont leur beauté Pas plus qu'il n'y aura d'été Pour elles ne viendra l'automne. Dans ce jardin où se lamente A tout jamais le vent d'hiver, Sur le pick-up c'est le même air D'une musique sidérante Et qui leur tape sur les nerfs.
Et mes belles indifférentes Sont sensibles à ce truc pervers
Il faut les voir quand je radine Grandi par mes talons bottier Et que je prends un air altier En faisant siffler ma badine. Elles m'apportent, déférentes, Mes cigarettes, mon whisky Mais je ne dis jamais merci Et garde une moue méprisante A la manière de Mackie.
Et mes belles indifférentes De leurs mains glacées me supplient
Elles supplient pendant des heures, Ce n'est pas du travail bâclé Et tout à coup je ferme à clef Et je les laisse là, qui pleurent, N'écoutez pas les gens qui mentent En disant qu'ils ont rencontré L'une ou l'autre, ce n'est pas vrai ! C'est des sosies ou des parentes, Les vraies de vrai sont enfermées.
Dans ma guinguette pas marrante D'où elles ne sortiront jamais
Mes vraies, mes belles indifférentes Que je n'ai pas cessé d'aimer.