Près de la baraque de la belle Hélèna Et de l'homme aux deux estomacs, Je revois toujours, le cÂœur m'en fait tic-tac, La ménagerie Patarak Où j'ai passé des minutes si charmantes, Sous la soupente, Près de l'orchestre et de ses couacs
Un programme de grande classe Etait écrit sur une glace, Dehors on promettait et tant et tant et tant Qu'on se demandait en entrant Si parfois quelque fauve terrible Pouvait s'échapper, c'est possible !
Mais il n'y avait qu'un pauvre lion débonnaire, Quadragénaire, très fonctionnaire, Avec un air timide et doux, sans trop s'en faire, Il regardait de ses yeux ronds les moucherons, Il n'avait pas l'air d'être des plus sanguinaires, Mais très pépère comme un notaire Et quand après avoir rugi Donnait la patte pour dire merci, Il se couchait tout comme un sac On comprenait qu'c'était fini Et pour dix sous c'était gentil La ménagerie Patarak
Un jour, le vieux lion qui s'appelait Brutus Tomba malade mordicus, Je revois toujours Patarak affolé Et courant tout échevelé, Il avait les moustaches en bataille Et la marmaille Autour de lui le questionnait : "Alors Monsieur Patarak et vot' lion ?" Hélas ! répondait le brave homme, Dans un bien triste moment nous sommes, Brutus n'a pas mangé depuis plus de huit jours, A mon appel il reste sourd Comme jadis il n'a plus le cÂœur allègre Il est presque aveugle, il est maigre
Alors on fit appeler un vieux vétérinaire, Sexagénaire, un peu lunaire, Qui prit un air absent et dit avec mystère "Je vois que ce bel animal est au plus mal" Après ces mots définitifs que l'on vénère, Qu'on exagère, qui désespèrent, Après que l'homme fut parti, Qu'il eut dit au revoir et merci, Brutus n'était plus qu'un vieux sac Alors tout le monde comprit Que désormais c'était fini, La ménagerie Patarak.