Une barque mollement se balançait Sur l'eau d'un étang calme, calme Dans la barque mollement Nos corps reposaient tendrement Mais calmes, ah ! trop calmes L'été sur nous s'abrutissait A peine un petit vent léger De temps à autre nous faisait du charme Et l'eau que tes doigts effleuraient Pour te plaire souvent t'offrait Un bouquet de nénuphars en larmes On était bien, on était sages On était trop près du rivage Dommage ! Mais partir au loin, prendre le large Je n'en avais pas le courage Ces quelques planches qui flottaient Ces bouts de bois qui nous portaient A nos yeux devenaient comme une île On était bien, on se taisait L'un près de l'autre on s'endormait Guidés par ce rêve tranquille Pourquoi le vent s'est réveillé Pourquoi l'étang a chaviré Pourquoi le ciel nous a fait grise mine Partis comme on était partis On en aurait eu pour la vie A rêver tous les deux en sourdine Tant pis, tant pis ! quelle importance ! Puisqu'un autre été recommence Par chance la barque est là qui se déhanche Et c'est pour nous deux qu'elle se penche Oh ! qu'elle se penche Une barque mollement, se balance Sur l'eau d'un étang calme, oh oh oh oh calme Dans la barque mollement Nos corps reposent tendrement Mais calmes, moins calmes