Planant dans l'azur sans nuage, Quel est cet étrange oiseau noir ? Son oeil a des reflets sauvages, Qu'a-t-il pu apercevoir ? Il décrit des cercles funestes, Puis, doucement descend, descend, Comme une malédiction céleste Sur des oisillons innocents.
L'épervier farouche Vole au-dessus de vos toits, Son allure est louche Et son regard est sournois ; Dans vos nids timides, Mères, gardez vos petits ! Car le rapace avide A beaucoup d'appétit.
Ainsi, une pauvre ouvrière Vivait près de son cher trésor ; C'était sa petite Gisèle : Une enfant pure, un vrai coeur d'or, Qui travaillait comme cousette En haut de la rue des Martyrs, Et le sam'di à la Galette, Elle dansait pour se divertir.
L'épervier farouche Te guette, méfie-toi ! Son allure est louche Et, déjà, tu es sa proie. Il t'enlace et danse La valse aux accents troublants ; Mais l' brigand manigance Ta perte, pauvre enfant !
En effet, au bout d'une semaine La petite était en maison, Et dans cette ambiance malsaine Avait perdu ses illusions. Prenant un couteau sur la table, Elle s'en transperça le coeur En maudissant le misérable Qui s'enfuit cynique et moqueur.
L'épervier farouche Le souteneur sournois, Au fond des rues louches S'envole vers d'autres proies. Dans vos nids timides, Mères, gardez vos petits ! Car le rapace avide A beaucoup d'appétit !