Elle naquit par un dimanche Du plus joli des mois de mai Quand le printemps à chaque branche Suspend un bouquet parfumé Et l'admirant toute petite Si blanche en son berceau tremblant Sa mère l'appela de suite Lilas blancs Mon petit brin de lilas blancs.
Elle poussa douce fleurette Dans le fond d'un pauvre faubourg Et dans une triste chambrette Sans soleil et presque sans jour En la voyant toujours palotte Avec son sourire dolant Chacun surnommait la petiote Lilas blancs Petit bouquet de lilas blancs
Et puis ce fut l'apprentissage Au cours duquel un beau garçon Remarqué souvent au passage Lui fit la cour une saison Un soir enfin lui dit je t'aime Ajoutant plus d'un mot troublant L'appelant ma mignonne et même Lilas blancs Mon brin joli de lilas blanc
Mais hélas de l'infortunée Le roman fut bientôt fini Car elle fut abandonnée Par son lâche et volage ami Cacha si bien sa peine affreuse Tout au fond de son coeur sanglant Qu'elle en mourut la malheureuse Lilas blancs A l'heure ou meurt le lilas blanc
Mais le printemps fit un prodige Pour l'enfant qui mourut d'amour Sur sa tombe on vit une tige De lilas fleurir en un jour Et son tombeau perdu sous l'herbe Est depuis lors une fois l'an Tout enbaumé par un superbe Lilas blanc Monté du coeur de lilas blancs.