Le bruit sourd de mes pas Hante la pièce vide ; Je marche lentement Dans la demi - pénombre. Je suis seul ici - bas, Enfermé, cloisonné, N'ayant personne à qui, Confier mes états d'être ; La solitude aiguë Me rend à demi fou, M'exile dans un monde Où règne le chaos. Je pénètre en mon âme, Quand la névrose affleure,
Et arrose la fleur De la noire harmonie Qui siège en mon cerveau, Qui règne dans mon crâne, Qui tire sa beauté Du néant de mon être. Me voici suspendu Au - dessus de l'abîme, Accroché à la rose, Les mains ensanglantées. Un pétale se fane, Bientôt suivi d'un autre, Et la rose se meurt ; Je suis précipité
Dans le gouffre sans fond A la noirceur d'ébène, Dont les parois de chair Palpitent autour de moi. Je tombe et tombe encore, Goulûment aspiré, Caressé et léché, Par ce boyau vivant. Soudain je suis stoppé, le boyau se resserre, Doucement me comprime, Me broie et me disloque. Le sphincter se relâche Et me pousse au dehors,
M'expulse, me défèque Dans la réalité. Un hurlement d'horreur Jaillit de mes entrailles ; Je contracte mon corps, Ecarquille les yeux . Je suis à nouveau seul, Dans la pièce exiguë, Toujours un peu plus seul, Toujours un peu plus fou. Je suis à nouveau seul, Dans la pièce exiguë, Je suis à nouveau seul, Je suis à nouveau seul ...