S'il y a des cloches pour les chiens qui meurent, Que sonnent les cloches pendant une heure, Il est mort de m'attendre au coin d'une rue. C'est tant pis pour moi, je n' suis pas venu. Pourtant j'avais dit au printemps : " Avec les fleurs, les vents d'avril, Les hirondelles ont fait des milles Lui dire que j'étais au tournant. " Il m'a attendu tout l'été, tout l'été Pour qu'ensemble, on aille courir dans les champs. Je lancerai dans la coulée, Le bâton qu'il tient entre ses dents. Quand l'automne est venu, il a vu Que peut-être, je ne reviendrais plus. Il s'est r'culé au fond d' la cour, A pleuré la chute des jours. Un voisin lui a dit : " T'en fais pas. Espère un peu, encore un mois. " Un ami lui a dit : " Viens chez moi. J'ai des enfants, on te guérira. " Mais non, il a attendu la neige Et elle l'a pris comme un sortilège. Il a dit : " Elle le ramènera. " Mais j'ai failli, encore une fois Et puis, écœuré de l'amour, Des charités, des beaux discours, Il s'est roulé au coin d' la rue, Attendit qu'on lui passe dessus. S'il y a des cloches pour les chiens qui meurent, Que sonnent les cloches pendant une heure. Il est mort de m'attendre et je l'ai déçu. Je mériterais qu'on ne m'aimât plus. Pourtant...