À tous les bohémiens, les bohémiennes de ma rue Qui sont pas musiciens, ni comédiens, ni clowns Ni danseurs, ni chanteurs, ni voyageurs, ni rien Qui vont chaque matin, bravement, proprement Dans leur petit manteau sous leur petit chapeau Gagner en employés le pain quotidien Qui sourient aux voisins sans en avoir envie Qui ont pris le parti d'espérer Sans jamais voir de l'or dans l'aube ou dans leur poche Les braves bohémiens, sans roulotte, ni chien Silencieux fonctionnaires aux yeux fatigués J'apporte les hommages émus Les espoirs des villes inconnues L'entrée au paradis perdu Par des continents jamais vus Ce sont eux qui sont les plus forts Qui emportent tout dans la mort Devant ces bohémiens, ces bohémiennes de ma rue Qui n'ont plus que la nuit pour partir Sur les navires bleus de leur jeunesse enfuie Glorieux oubliés, talents abandonnés Comme des sacs tombés au bord des grands chemins Qui se lèvent le main cruellement heureux D'avoir à traverser des journées Ensoleillées, usées, où rien n'arrivera que d'autres embarras Que d'autres déceptions tout au long des saisons J'ai le chapeau bas à la main Devant mes frères bohémiens