En dix sept cent soixante Un soir de février Il gelait à pierre fendre Au fort Stadacconé Les colons morfondus De s'être trop battus On fermé les battants Des portes d'la rue Saint-Jean Au diable les Habits Rouges On finira la guerre demain Les Anglais sont g'lés dur A l'île aux Oeufs, quelqu'part au loin A soir on prend un verre de rouge On s'déclame du Voltaire La bouche de nos canons Dit "non" et a raison! C'était mal calculé Les Anglais par miliers Escaladent le Cap Y installent leur trappe Les Français réveillés En queue d'chemise dehors Se sont faits massacrés Le vent v'nait d'virer d'bord En mille huit cent soixante Nous ne sommes plus chez nous ici Mais quand même on tient l'coup A coup d'berceaux et d'génie On nous a pris nos places Nos écoles, nos espaces Le chien ronge son os Mordu, mordra le temps venu... Le temps venu est v'nu Un soir de février L'affaire était convenue Pendant la partie d'hockey Demain, grasse matinée Après-demain, dimanche Deux journées de congé Les Anglais font bombance... Nous étions six millions A pas suivre la joute A la télévision Et personne sur les routes Sur la pointe des pieds On a fait comme eux autres Pris possession des clefs Des ponts, des villes, de tout. Quand ils sont réveillés Cernés de tous côtés En queue d'chemise aussi Sous le gros parapluie Ils se sont inclinés Coup d'état réussi Même qu'l' "Premier" a dit: "Baptiste, r'prends ton pays". L'épilogue de l'histoire C'est pas d'avoir perdu l'Québec Qui a mis nos amis anglais En beau sifflette Z'ont perdu la partie La coupe finale à Montréal Mais gagné notre esprit Depuis qu'ils parlent "joual"