Te souviens-tu du Klondyke D'il y a belle lurette Te souviens-tu du Klondyke Du temps qu'on était jeuneau C'était pas de la bière d'épinette C'était loin d'être un cadeau Mais on n'était pas feluette On n'avait pas peur de l'eau T'sais qu'on ne manquait pas d'attaque Le jour qu'on a sacré le camp Avec nos cliques et nos claques J'en reprends un autre coup de printemps Te souviens-tu du Klondyke Des soirées au chalumeau Maudit, maudit Klondyke Où il ne faisait jamais beau Des fois qu'on se mettait pompette Au gros gin comme des saoulauds On se pétait la margoulette es jours qu'on s'ennuyait trop On a t'y cassé de la roche On s'est t'y bourré les poches Si à c't'heure on est tout nu C'est parce qu'on l'a ben voulu Klondy, Klondyke, Klondyke dyke On est pas prêt de t'oublier Si je m'appelais Braque ou Van Hyke Si je te peindrais les yeux fermés Mais je ne m'appelle rien comme tout le monde Ce que je voudrais faire, je n'peux pas Quand j'ai les idées fécondes J'me fais mon p'tit cinéma Le Klondyke a pu changer Mais pas la rue Mackenzie Te souviens-tu de la poudrée Qui passait sa vie couchée Ce qu'elle avait les tétons durs Et quand elle mettait ses bas Qu'elle avait t'y de l'envergure Ou bien si elle en n'avait pas? Ça m'a coûté assez de cernes Pour qu'aujourd'hui je m'en souvienne Mais oh fais pas l'innocent Ça a dû t'en coûter autant Te souviens-tu des étranges Qui venaient tâter les ruisseaux Qui dépensaient leur petit change Mais qui ne faisaient pas vieux os Te souviens-tu des pépites Qu'on caressait dans nos mains Qui étaient de l'or pendant la nuit Pis qui brillaient plus le matin C'était presqu'une vie d'artiste Tellement c'était excitant Y a de quoi avoir le vin triste Y a de quoi pleurnicher tout le temps Te souviens-tu du Klondyke Quand l'espoir touche à l'été Te souviens-tu du Klondyke Où on est jamais allé On était bien trop feluettes On avait trop peur de l'eau On s'est sali en chaussettes C'est moins dur mais c'est moins beau Je me demande si l'existence Celle qu'on a si mal connue Nous donnerait une dernière chance D'aller faire ce qu'on aurait dû D'aller risquer pour apprendre D'aller cesser de vivoter On aurait peut-être rien à revendre Mais de quoi de vrai à se raconter On prendrait le premier turnpike Qui mène au prochain bateau On se retrouverait au Klondyke En moins de temps qu'il en faut Moi je me mettrais sur la pioche Et toi sur le sablier Viens Léo, l'hiver approche...