Un brin de soleil, six pieds de boucane Un escalier en tire-bouchon Les voisins d'en haut qui se chicanent Ma mère qui veille sur son balcon Deux pissenlits, trois cents poubelles Enlignés comme mes seize ans Et dans leur dos un coin de ruelle Mon premier verre de whisky blanc Blanc, blanc, blanc On a poussé à l'ombre des cheminées Les pieds dans le mortier Le nez dans la boucane Moitié cheminée, moitié merisier Comme une fleur de macadam La fantaisie plus grand que la panse On rêve d'acheter ces cheminées De s'en faire une lorgnette immense Pour voir ce qui se passe de l'autre côté Comme à chaque jour suffit sa peine Frette en hiver, chaude en été On se dit ma cour vaut bien la sienne Même si ce n'est pas toujours rose bébé bé, bé, bé On a poussé à l'ombre des cheminées Les pieds dans le mortier Le nez dans la boucane Moitié cheminée, moitié merisier Comme une fleur de macadam Et comme on pousse, v'là comme on cause Les dents prises dans le béton armé Fantaisies en forme de prose Écrite à l'œil rythmée au pied Hey, pssst Le poing tendu, le juron juste La peur de rien, l'envie de tout Mais la peur du plus robuste Au premier jupon qui se fait doux Doux, doux, doux On a poussé à l'ombre des cheminées Les pieds dans le mortier Le nez dans la boucane Moitié cheminée, moitié merisier Comme une fleur de macadam Le macadam c'est comme la cliche Ça passe quand on y met le temps Mais pour moi, plus le temps s'effrite Moins j'ai le goût des fleurs des champs Quand je serai vieux, quand je serai riche Quand j'aurai eu trois fois vingt ans Sur la plus haute des corniches J'irai proser mes vieux printemps Qu'on aligne mes trois cents poubelles Et que l'on plante deux pissenlits Que ma rue mette ses jarretelles La fleur de macadam s'ennuie Et j'irai me reposer à l'ombre des cheminées Les pieds dans le mortier Le nez dans la boucane Moitié cheminée, moitié merisier Comme une fleur de macadam
Composição: Paroles et Musique: Jean-Pierre Ferland 1962 "J'estime, J'aime, J'amoure"