A la chaîne, tout s'enchaîne sur un tempo violent A la chaîne, tout se déchaîne, en un ballet suant A la chaîne, les objets partent et reviennent sur un rythme branlant A la chaîne, tes doigts peinent sur ces montages savants
Ton Âœil glisse souvent vers la pendule Mais ses aiguilles molles font que le temps recule
A chaque objet fini, tu te sens salie C'est donc ça la vie, au rythme roulant du tapis Seraient-ce tes illusions, qui glissent petit à petit Pour s'envoler au bout, quand la chaîne est finie ? A la chaîne, ambiance malsaine, comme dans un enterrement A la chaîne, la mise en scène manque de sentiment
A la pause déjeuner, tu écoutes tes compagnes Qui parlent de malheurs ou racontent des blagues
Bien sûr, tu aimes, tu craques sur le nouveau contremaître Mais tu n'le connais pas, est-il si bien que ça ? Tu l'aimais bien aussi, le livreur de métaux Il s'est vite envolé, en t'laissant un p'tit marmot
A la chaîne, tout semble obscène, tout est entêtant A la chaîne, tout nous entraine vers un trou béant
Petite avec tes poupées, tu te voyais en princesse Mais ta blouse n'a rien à voir avec ses robes enchanteresses
Comment ta mère aurait pu imaginer Que quand tu serais grande, tu allais la remplacer ? Que le travail à la chaîne existerait encore ? La chaîne méprisante, à la vie, à la mort.