Il était beau, il s'appelait Jules Il n'avait pas encore fauté Quand certain soir, au crépuscule Par le désir il fut hanté. Juste à ce moment une brunette Qui descendait de l'autobus Lui dit : "Viens-tu dans ma chambrette ? J'habite au quartier Picpus... " Amour ! Amour ! Tu fais faire des folies Amour ! Amour ! Tu nous fais bien du mal ! Il soupira. "Si je faute ma mie M'épouseras-tu ?" "Oui" - C'était fatal ! Mais quand il s'eut donné bêtement Elle lui dit : "Maintenant va-t-en !" Et le jeta dehors de sa maison Sans lui rendre son pantalon. C'est alors qu'il comprit Sa honte et sa misère. Un malaise le prit : Jules était fils père ! A fin d'dissimuler sa faute Il prit d'affreuses précautions Il serra ses entrecôtes Et fit élargir ses caleçons Mais un jour il perdit sa place Le patron l'ayant fait appeler "T'as fauté, je te chasse : Faut pas d'fils-père à l'atelier" Amour ! Amour ! Tu fais faire des folies Amour ! Amour ! Tu nous fais bien du mal ! Pour oublier, il sombra dans l'orgie Il but du cidre et de l'Urodonal. Alors à Montmartre là-haut On l'vit rouler dans le ruisseau Tandis que d'joyeux noctambules Venaient tirer l'oreille à Jules. Et de son pauvre corps Les filles abusèrent : On n'est pas respecté Quand on est fils-père. Un soir dans une louche officine Il entra, décidé à tout Et vit une femme, une gourgandine, Qui s'appelait madame Guettautrou. Pour faire disparaître les traces De la faute du pauvre gueux Elle lui charcuta la carcasse En se servant d'une pelle à feu. Amour ! Amour ! Tu fais faire des folies Amour ! Amour ! Tu nous fais bien du mal ! Le pauvre gars faillit perdre la vie Hier il est sorti de l'hôpital. Et maintenant pâle et flétri Le ventre et les seins pleins de plis Sur le Sébasto on peut le voir Il est devenu fils du trottoir ! Mariez-vous jeunes gens Avant d'vous laisser faire Ne faites pas comme Jules Le malheureux fils-père...