On ne voit qu' des filles sans maris, Que des belles au cœur incompris, Que des veuves à l'œil attendri, Un tas d' belles mômes qui se dessèchent, Des beautés qui deviennent blèches. Tout ça, c'est la faute à nos lois, A des parlementaires en bois Qui ont le cœur et les pieds froids. L'homme peut aimer dix femmes par jour, Et des pauvres femmes meurent d'amour.
Vivent les mormons, vivent les Papous, Qui prennent la vie par le bon bout. Tous ces gars-là sont polygames, Bigames, trigames et hectogames. Ils ont des femmes plein leur salon, Plus que d' fauteuils ou d' guéridons, Ils comprennent la vie bien mieux qu' nous Vivent les mormons, vivent les Papous !
Le sang nous pète sous la peau, Remonte, nous étouffe le cerveau, Nous comprime les pectoraux. Bref, on jugule et on torture Toutes ces forces de la nature. Si l'on n' veut pas nous "eunuquer" Ou nous "chapelle-sixtiner", Qu'on nous laisse "prolifiquer" ! Ne soyons pas trop exigeants, Qu'on nous donne trois cents femmes par an !
Vivent les mormons, vivent les Papous ! Ça, c'est des durs, c'est pas des mous ! Chaque jour, ils en ont une nouvelle, Alors, ils font des étincelles. Ils ne mangent pas comme nous, Messieurs, A chaque repas du pot au feu. Je comprends qu'ils en mettent un coup ! Vivent les mormons, vivent les Papous !
L'animal est moins bête que nous Regardez les chiens, les minous, Les éléphants, les sapajous. Des compagnes, ils en ont des bandes Ils ne suffisent pas à la d'mande Combien de poules pour un coquin ? Et de pingouines pour un pingouin ? Et de lapines pour un lapin ? Nous seuls n'avons, pour flirtouiller, Qu'une seule poupoule au poulailler.
Vivent les mormons, vivent les Papous, Qui ne marchent jamais sur les genoux. Pas étonnant s'ils se r'produisent ! Qu'on nous donne autant d' marchandise, Et nous allons faire des enfants Tout plein les vingt arrondissements. N'est-ce pas, Messieurs, je n' suis pas fou Vivent les mormons, vivent les Papous !