Il m'avait gentiment manché dos pesos Dans la fraicheur fragile de la cantina Moi je mangeais tout en lisant Dos Passos En compagnie d'une bouteille de tequila Le soleil chassait l'ombre sous les portes cochères J'aurais troqué de l'or contre un bain Faut dire que d'ici à Manhattan Transfer Ça fait déjà un sacré bout de chemin Il nous était venu un matin ordinaire Certains disent à pied d'autres en brû lant le train Les heures mouraient lentement sous la lumière Les chiens battus, vautrés, ne pensaient plus à rien Il a posé sur moi son regard délavé On aurait bien dit qu'il cherchait A coller bout à bout les morceaux de ma vie A dépoussiérer mon oubli Où es-tu maintenant? Echappé je l'espère De ta longue saison en enfer
Le grand plafond sinistre avec ses moulures bleues Abritait des clients empressés et fiévreux Il sacrifiaient leur fric aux dés, au bonneteau Où seul finalement l'ennui gagnait gros On a mis en commun nos rê ves égarés Et nos bottes usées d'arpenter Les chemins défoncés, les bitumes vieillis Nos projets d'amour engloutis Raconte-moi tes jours et comment va le temps Accroché au-dessus du volcan
Où es-tu aujourd'hui compagnon de misère Tout habillé d'espoir, tout ganté de tendresse T'élances-tu toujours à l'assaut des poussières Eternel voyageur d'un bateau en détresse As-tu enfin trouvé la fille aux cheveux clairs Dans sa robe à fleurs imprimée Quand j'y pense c'est bien vrai que Manhattan Transfer Ça n'est pas la porte à cô té Moi je n'attend plus rien, brisé par l'habitude Je viens d'avoir cent ans de solitude
Composição: Paroles et Musique: Bernard benguigui, Claude Six