Quand on n'est pas d'accord avec le fort en thème Qui, chez les sorbonnards, fit ses humanités, On murmure in petto : "C'est un vrai Nicodème, Un balourd, un bélître, un bel âne bâté." Moi qui pris mes leçons chez l'engeance argotique, Je dis en l'occurrence, excusez le jargon, Si la forme a changé le fond reste identique : "Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
{Refrain:} Entre nous soit dit, bonnes gens, Pour reconnaître Que l'on n'est pas intelligent, Il faudrait l'être. Entre nous soit dit, bonnes gens, Pour reconnaître Que l'on n'est pas intelligent, Il faudrait l'être.
Jouant les ingénus, le père de Candide, Le génial Voltaire, en substance écrivit Qu'il souffrait volontiers - complaisance splendide - Que l'on ne se conformât point à son avis. "Vous proférez, Monsieur, des sottises énormes, Mais jusques à la mort, je me battrais pour qu'on Vous les laissât tenir. Attendez-moi sous l'orme !" "Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
{Refrain}
Si ça n'entraîne pas une guerre civile Quand un fâcheux me contrarie, c'est - soyons francs - Un peu par sympathie, par courtoisie servile, Un peu par vanité d'avoir l'air tolérant, Un peu par crainte aussi que cette grosse bête Prise à rebrousse-poil ne sorte de ses gonds Pour mettre à coups de poing son credo dans ma tête. "Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
{Refrain}
La morale de ma petite ritournelle, Il semble superflu de vous l'expliciter. Elle coule de source, elle est incluse en elle : Faut choisir entre deux éventualités. En fait d'alternative, on fait pas plus facile. Ceux qui l'aiment, parbleu, sont des esprits féconds, Ceux qui ne l'aiment pas, de pauvres imbéciles. "Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."