Dis, t'as pas vu cet infirmier, Le terrain n'est pas déminé Pourtant, regardes, il s'aventure Vers il ne sait quelle blessure. Comment fait-il pour s'oublier ? J' comprends pas devant ma télé. Regard' cet homme presque nu C'est tout un peuple qui le suit ; Tant de jours qu'il ne mange plus Mais qu'est-ce qui l'habite, lui et ceux qui forgent leurs victoires Opposant des sourires aux chars. Y a des vies comm' des chants d'amour, Avec l'amour qui pousse autour des mains désarmées qui désarment. Comment ils font ? Comment ils font ? Si forts dans les vallées de larmes Que les fleurs poussent dans les canons ! Restaus du cœur et puis , l'abbé, toute une armée de chiffonniers Tant de faiblesses et tant de force Tant de forc' dans tant de faiblesses. Quand tu les vois, ils sont tranquilles ; Pour eux, ça paraît si facile. Moi, c'est la colère et la rage Que j'ai reçu en héritage. Mais la violence contre la haine ... Quel est l'engrais, quelle est la graine ? Y a des vies comm' des chants d'amour, Avec l'amour qui pousse autour des mains désarmées qui désarment. Comment ils font ? Comment ils font ? Si forts dans les vallées de larmes Que les fleurs poussent dans les canons ! Et puis regarde simplement Ce visiteur des impotents ; Une femme avec son enfant Une simple main qui se tend J'y pens' le soir quand je m'endors Je rêve alors J' rêv' que la bête humaine s'endort.