Il est minuit, Montmartre s'illumine Tous les concerts se vident à grand bruit Et, dès dix heures, la fête se termine Dans la taverne ou la boîte de nuit Parmi les fleurs, les femmes, la fumée En bas de soie, habits rouges et col noir C'est le tzigane à la valse pâmée Qui va charmer jusqu'aux passants du soir
Ecoutez l'âme des violons Chansons d'amour, chansons joyeuses Les musettes et les Ninon Prennent des poses langoureuses Par les notes endiablées Passant dans des rythmes profonds Les femmes sont ensorcelées Quand chante l'âme des violons
Dans ce salon, la douce symphonie L'orchestre entier frémit sous les archets Dans un fauteuil, une femme pâlie Essuie un pleur dont ses cils sont perlés Sur son bonheur a passé la tourmente Elle a souffert dans son coeur délaissé Et la chanson que la musique chante Au soir joyeux l'a maintes fois bercée
Ecoutez l'âme des violons Chansons d'automne et de tristesse Voix plaintive des trahisons Consolant même en sa détresse Maudissant les amants infâmes Et pleurant sur les abandons C'est peut-être l'âme des femmes Qui pleure en l'âme des violons