Ça fait des siècles que je roule Dans un immense autobus gris À l'abri de la pluie, enfermée dans ma vie Autour de moi tout est rangé, l'univers s'est figé Plus rien ne vient parfumer mes nuits climatisées
Les dimanches de ma jeunesse Papa fumait son gros cigare En nous promenant dans son gros char Le front collé aux vitres fermées Moi je me voyais pour passer le temps Debout dans une décapotable Aussi droite que les arbres Avec le dos tourné au vent Les bras en V comme un cerf-volant
Besoin de feu et d'ouragans J'ai besoin d'air et de lumière Et de nuits bleues de mille et un ans Et de matins blancs comme les pommiers au printemps
Un soir de mai, sur le pont d'un bateau J'ai vu une baleine à fleur d'eau Souffler d'un jet jusqu'aux oiseaux Elle dessinait de grands sillons De longs remous vers l'horizon J'aurais voulu me jeter à l'eau Prendre le large a côté d'elle Ou m'envoler battant des ailes Les bras en V comme un cerf-volant Mon autobus arrive enfin Je savais que tu m'attendais Tu me souris mais je sais déjà Que je ne pourrai pas te conter ce que j'ai rêver Rêvé toute éveillée