C'est une douce habitude, Avant de dormir, Dans les nuits de solitude, De se souvenir Si chacun de nous demeure Dans son lit d'exil Que de se parler une heure Ne tient qu'à un fil, Un fil qui lie Deux demi-sommeils qui s'ennuient Près de l'autre et loin de son regard. On parle enfin de son cafard Et du mal qu'on prend à naître Dans ce monde-là Et du jour qui va paraître Et qu'on ne veut pas, Du frisson de ces nuits blanches Qui vous fait le corps Comme quand on fait la planche Dans la mer du nord, Du vent qui souffle, Qui fait que les draps vous étouffent, Qu'il fait chaud soudain dans ce pays Et qu'on les pousse au pied du lit, Qui nous fait enfin nous dire Ce qu'on ne dit pas Quand on fait l'amour et pire Qu'on ne le fait pas, Qui nous fait enfin nous tordre, Loin de la pudeur, Solitaires, fous, et mordre Plaisir et douleur. Alors défile A travers les rues de la ville Comme une onde qui fait dans le dos Raz de marée dans un cours d'eau. Ma mie ma correspondante, A se tant parler, Ma nocturne, mon amante, On en oublierait Qu'il n'est plus le moindre doute : Par les temps qui courent Y a des gens qui nous écoutent, Le fil n'est pas sourd. Il n'est pas de secret, même pour les amours.
Composição: Paroles et Musique: Maxime le Forestier 1976