Si je meurs de suicide,
Ne dites pas que c'est le vide
De cette vie qui m'a tué.
Désespéré
Par l'inutilité des rêves,
J'aurai voulu faire une trêve.
J'aurai voulu, je pense,
Mourir d'enfance.
Si je meurs de vieillesse,
Ne faites pas la politesse
De raconter mon long séjour
Dans vos discours.
Je serai, dans l'année terrestre,
Arrivé au dernier trimestre
Pour partir en vacances,
Mourir d'enfance.
Si je meurs dans un stade,
Ne pensez pas qu'en fusillade,
Je me prendrai plus au sérieux
Que dans un jeu.
C'est pour avoir parlé en classe
Que me renverront dans l'espace
Les maîtres de la France,
Mourir d'enfance.
Si je meurs en voiture,
N'allez pas parler d'aventure,
Des malheurs de l'humanité,
D'adversité.
C'est en tombant à la renverse
Que j'irai dans les buts adverses
Comme un ballon qu'on lance,
Mourir d'enfance.
Si je meurs d'amours mortes,
Ne viens pas pleurer à ma porte,
Ne pense pas que c'est par toi,
Que c'est pour toi.
C'est que j'aurai revu l'image
D'une enfant qui dit qu'à mon âge,
L'âge adulte commence
Et meurt de l'enfance.
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