Midi sonne, c'est l'heure chaude Où le soleil cogne encore plus, Et je me traîne depuis l'aube, Sans trouver où poser mon cul. Moi qui cherchais un coin tranquille Je ne vois, à perte de vue, Que des corps gras et brillants d'huile, Et je vais m'avouer vaincu!
Je ne demande pas la lune, Abandonnez-moi seulement Un bout de sable, un coin de dune, Quelques cailloux pour mon séant!
Deux heures viennent, c'est l'heure torride, Le soleil tournoie dans les nues, Et pas la moindre place vide, Et pas un bout de plage nue. Je ne sais où poser mes pieds: Des mains, des bras, couvrent le sol, Attention, je vais renverser Cinq bouteilles et trois parasols!
Je ne demande pas la lune, Mais si je pouvais seulement Atteindre le haut de cette dune, Progresser entre ces dos blancs!
Il est quatre heures. Ma pauvre tête Doit enfler démesurément, Et je ne sais pour quelle fête On carillonne tant et tant. Toute la plage tourne et danse Et tourbillonne autour de moi, Et puis, soudain, c'est une chance, Très loin, là-bas, je l'entrevois:
C'est l'Amérique et c'est la lune, C'est l'Eldorado, le Pérou, Mais oui, la mer, entre les dunes, Semble me faire des signes doux!
Encore un jour ou deux, qui sait, Et je serai au bord de l'eau, Si je n'y parviens pas, je sais Que je reviendrai à nouveau