On s'était sur les récifs jetés Comme deux zéros pointés, Devant le mur crépi Des décrépitudes. Accrochés à la nacelle des jours, Elle nous trouvait trop lourds Et descendait bas Vers l'ombre des habitudes. Nous passions entre les chênes Avec celle qui nous enchaîne L'un à l'autre, Comme la mer à l'écume. Mais nous brûlions nos dernières flammes, Cachions nos premières larmes, Dans une étrange alliance De douceur d'amertume. De tokay vin sucré De nuages cendrés Par les bouffées d'afghane Au cabaret tzigane. Le temps nous avait prév'nus. Son vol est suspendu. Pour Lamartine comme pour ceux Qui souffrent et qui s'aiment. Ça pour s'aimer on s'aimait : Deux gosses à tout jamais Que l'amour soit en vous comme il est Dans ces deux-là disait Dieu lui-même. Mais tziganez tziganez-nous. Ces deux violons c'est nous. Déchirant les fumées Du chant des déchirures. Déchirant les états d'âme Au tout début du drame Dans la triste brume troublante D'un soir de rupture De tokay vin sucré De nuages cendrés Par les bouffées d'afghane Au cabaret tzigane.
Compositor: Paroles et Musique: Michel Jonasz 1981