Il pleut. Le soir descend. Tombent les feuilles. Orangé, le ciel. Jaune, la terre. Ce sont des mots d'enfant Sur une feuille. C'était un poème pour lui plaire. Regardez : c'est la neige, Ces flocons qui voltigent. C'est beau, C'est l'hiver qui danse. J'étais très fier de ça. Ces flocons qui voltigent, C'est beau, Un amour d'enfance. On jouait le dimanche. Les pierres du terrain vague dev'naient Du sable d'or Et l'on voyait l'écume. On s'inventait l'orage, Au loin, un sémaphore. Regarde comme il penche, Le voilier sur la vague. Regarde, il rentre au port. Quand deux âmes ne sont qu'une, Elles font le même voyage Et c'est l'île au trésor. Il pleut. Le soir descend. Tombent les feuilles. Orangé, le ciel. Jaune, la terre. Ce sont des mots d'enfant Sur une feuille, Une poésie pour lui plaire. "Tu m'écris des poèmes ?", Murmura-t-elle un soir. "C'est bien mais pas assez : Regarde-moi dans les yeux. Pour savoir si on s'aime Vraiment, Faut s'embrasser." Et j'ai posé mes lèvres Sur sa bouche enfantine. Mon cœur battait si fort Que c'était comme un feu Brûlant dans ma poitrine, C'était l'île au trésor. On s'aim'ra tous les deux Jusqu'à la fin du monde Et même après la mort On ira s'embrasser, Cachés aux yeux du monde Derrière un météore. Un jour, elle est partie Pour une ville autre part. Un jour, elle m'a laissé. Adieu l'écume, adieu Le voilier sur la vague, Adieu sable doré. Et j'ai marché longtemps, Dans les rues, au hasard. Longtemps j'l'ai cherchée. Et j'ai pleuré souvent Au bord du terrain vague Et puis j'ai oublié. Il pleut. Le soir descend. Tombent les feuilles. Orangé, le ciel. Jaune, la terre. Nous étions deux enfants. Tombent les feuilles. Passe le temps Et tourne la Terre.