A bord de ce transatlantique Qui fait la ligne régulière Entre l'Europe et l'Amérique, Chargé de belles passagères, De la musique au premier pont, De beaux messieurs qui font la roue, L'œil égaré sous les jupons Qui s'envolent par vent debout, à bord de ce transatlantique Qui fend l'eau désinvolte et fier, Loin du champagne et d'la musique, Un clandestin fixe la mer. Une femme l'attend là-bas, Tout là-bas comme une promesse, Une femme comme il y en a Dans le cœur d'un homme en détresse. Il reste assis, là, sans bouger, Dans la nuit de son fond de cale. Rien d'autre à faire qu'à gamberger, Compter les jours et les escales Et les bruits de là-haut résonnent Et lui remplissent les oreilles. Dir' que là-haut, il y a des hommes Et puis des femm's et du soleil. Alors sa raison a craqué Et tant pis pour ce qui arrive, Il a quand même voulu risquer Un' promenade dans les coursives. Et la femme qui l'attend là-bas, Quel espoir la pousse à attendre Sans seulement savoir s'il pourra Passer son cœur en contrebande. A bord de ce transatlantique, Dans une ambiance de croisière, Il y a belote en touristique, On joue au bridge dans les premières. Le ciel est bleu la mer est sage, Mais tout à coup grand branle-bas : On a vu ceux de l'équipage S'emparer de ce hors-la-loi. Sur l'océan comme sur la terre, Il y a les bons et les méchants. Ça ne fera qu'un fait divers Sur l' livr' de bord du commandant. Mais la femme qui l'attend là-bas, Aura-t-elle assez de ses larmes Pour pleurer quand ell' le verra Débarquer entre deux gendarmes ?