J'entends encore la sirène Du beau navire tout blanc Qui, voilà bien des semaines, Va des Iles sous le Vent Lorsqu'à la marée montante Il entra dans le vieux port Je riais, j'étais contente Et mon cœur battait très fort. Le vent chantait sur la dune Et jouait avec la mer Où se reflétait la lune. Dans le ciel, tout était clair. Le premier qui vint à terre Fut un jeune moussaillon, Le deuxième, un vieux grand-père, Puis un homme à trois galons. Donnez-moi, ô capitaine, Du beau navire tout blanc Qui venait des mers lointaines, Un beau marin pour amant. Je l'attendrai sur la dune, Là-bas, tout près de la mer. Au ciel brillera la lune. Dans mon cœur tout sera clair. Il est venu, magnifique, Avec une flamme... en Dieu, Venant des lointains tropiques, Savait des mots merveilleux, Me piqua toute une bague, Me jura d'éternels serments Que se répétaient les vagues En clapotant doucement. Nous étions seuls sur la dune. Le vent caressait la mer. Dans le ciel riait la lune Et lui mordait dans ma chair. Il partit sur son navire, Son beau navire tout blanc Et partit sans me le dire, Un soir, au soleil couchant. J'entends toujours la sirène Du bateau qui l'emporta. Sa voix hurla, inhumaine, "Tu ne le reverras pas !" Et, depuis lors, sous la lune, Je vais écouter le vent Qui vient le soir, sous la dune, Me parler de mon amant.
Compositor: Paroles: Raymond Asso. Musique: Marguerite Monnot 1936