La demoiselle du cinquième étage Nous chante à plein cœur qu'ell' va se marier. Paraît qu'ce s'ra un sacré mariage. Voilà c'qu'on entend à chaque palier. C'est drôl' l'amour, comm' ça vous change, Ell' qui était si triste avant. Maint'nant elle a d'la joie d'rechange Et des yeux clairs par tous les temps. Alors ell' croit que la vie est belle Et que les caresses ça pousse partout, Que ses amours seront éternelles Et qu'elle a le droit de rir' jusqu'au bout. Lui et moi, c'était pareil. Je croyais au Pèr' Noël. Je l'aimais à perdre haleine, C'était pareil. Bien entendu, il y a eu maldonne. La bell' robe blanche est décommandée. Le gars prétend que la blague est bonne Car il a tout pris sans rien lui donner. L'amour, c'est comm' les ch'mises de soie : Deux chos's qui s'achèt'nt au printemps. On fait un rendu pour la soie Mais l'amour, c'est plus encombrant. Alors la gosse, laissée pour compte, Ell' passe des nuits, des nuits à pleurer Et dans le jour voilà qu'ell' raconte La pein' que ses nuits ont mis de côté. Lui et moi, c'était pareil. Je croyais au Pèr' Noël. Je l'aimais à perdre haleine, C'était pareil. La demoisell', qui avait tant d'peine, C'était à prévoir, voulut se tuer. Elle a voulu se j'ter dans la Seine, Voulu... ou du moins elle en a parlé. Et puis elle a fait une affaire Avec le rire d'un grand gars. Un jour il lui f'ra des misères Mais ell' s'en fout, ell'n'y pens' pas, Et la voilà, tiens, qui recommence A chanter partout qu'ell' va se marier, Crier de joie et pleurer d'avance Voilà c'qu'on entend à chaque palier... Toi et moi, c'est tout pareil. Il faut croire au Pèr' Noël Et je t'aime à perdre haleine, C'est tout pareil.
Compositor: Paroles: Henri Contet. Musique: Louiguy 1943