Il était né sur la frontière, Là-haut dans le Nord où c'qu'y a du vent. Contrebandier tout comme son père, Il avait la fraud' dans le sang. Il attendait les nuits sans lune - Quand il fait sombre, on passe bien mieux. - Pour s'faufiler par les grandes dunes Où l'vent de la mer nous pique les yeux. Ohé, la douane ! Ohé, les gabelous ! Lâchez tous les chiens Et puis planquez-vous Au fond de vos cabanes. Regardez sur la dune L'homme qui passe là-bas. Il est pourtant seul Mais vous n'l'aurez pas. Il s'fout d'la douane Au fond de vos cabanes, Allez, planquez-vous Et lâchez les chiens. Ohé, les gabelous ! Ohé, la douane ! Quand il avait rien d'autre à faire, Les nuits où qu'il faisait trop clair, Il changeait les poteaux frontières Et foutait le monde à l'envers Ou bien, d'autres fois, en plein passage, Quand il avait bu un bon coup, Il poussait de vrais cris sauvages Et v'là qu'je passe dépêchez-vous. Ohé, la douane ! Ohé, les gabelous ! Lâchez tous les chiens Et puis planquez-vous Au fond de vos cabanes. Regardez sur la dune L'homme qui passe là-bas. C'est moi, moi tout seul, Mais vous n'm'aurez pas. J'me fous d'la douane Au fond de vos cabanes. Allez, planquez-vous Et lâchez les chiens. Ohé, les gabelous ! Ohé, la douane ! Il pouvait pas s'mettre dans la tête Qu'la loi des hommes, c'est très sérieux. C'était comme une sorte de poète Et ces types-là, c'est dangereux. Alors une nuit qu'y avait d'la lune, Qu'y baladait pour son plaisir, Ils l'ont étendu sur la dune A coup d'fusil pour en finir. Ohé, la douane ! Ohé, les gabelous ! Planquez tous vos chiens Et puis amenez-vous. Du fond de vos cabanes, C'est d'la belle ouvrage, Seulement, ce soir, Ce n'était qu'un homme. Il travaillait pas. T'entends, la douane ? Alors, fallait pas... Et puis planquez-vous Au fond de vos cabanes. Ohé, les gabelous ! Ohé, la douane !
Compositor: Paroles: Raymond Asso. Musique: Jean Villard 1936