Ils étaient trois au rendez-vous Qui se regardaient, les yeux fous. Ils étaient trois au coin de la rue Mais l'un n'était pas attendu. Ils étaient trois qui savaient bien Que l'un d'eux tenait dans sa main De quoi faire d'un ciel de mai Un ciel de deuil à tout jamais. Un de trop... En ce court moment Où un nouveau roman D'un autre prend la place, Un de trop... Qu'un seul bras étendu Peut laisser étendu Parmi les gens qui passent. Ils étaient trois au rendez-vous Qui se regardaient, les yeux fous. Ils étaient trois qui savaient bien Que tout tenait dans une main. "Comme je l'aimais... Comme elle m'aimait... Que de belles heures..." Songeait celui qui venait du passé. "Comme je l'aime... Et comme elle m'aime... Cela vaut bien qu'on meure..." Songeait celui qui l'avait remplacé, Mais elle... Mais elle... A quoi songeait-elle, En cet instant où tout peut s'effacer ? Ils étaient trois au rendez-vous Qui se regardaient, les yeux fous. Ils étaient trois au coin de la rue, Mais l'un n'était pas attendu. Et celui-là savait très bien Que le passé n'y pouvait rien, Que l'avenir est le plus fort, Plus fort que tout et que la mort. Et soudain... le bras s'est baissé. Qui pouvait arrêter Un amour près de naître ? Le bonheur peut encore danser Et cette vie chanter, Qui pouvait ne plus être... Ils étaient deux au rendez-vous Qui s'en allaient heureux et fous Vers leur soleil sans voir celui Qui revenait seul dans sa nuit...
Compositor: Paroles: René Rouzaud. Musique: Francis Laï 1962