Un piano est mort Et celle-là l'aimait... Quand elle était jeune et quand elle venait se saoûler l' dedans de pathétique En se frottant au piano nostalgique, Qu'il était beau, le piano, bon piano, vieux piano des copains. A l'époque des copains, Chez Bianco l'argentier, Vers trois heures du matin Quand elle buvait son demi d'oubli... Et seule, maintenant, Elle pense au vivant De ce vieux piano mort. Elle voit, elle entend Les messes de ses vingt ans Tomber d'un accord... Au bar, quand elle boit, C'est vrai qu'elle revoit Des mains sur l'ivoire blanc, Les mains de Bianco, Des mains qui lui font cadeau D'un peu du vieux temps Mais dans son jean, Un fantôme en blue jean, Un deuxième et puis vingt Qui discutent en copains D'un bistrot démodé D'un piano démodé. Elle a crié : "Moi je sais ! Moi je sais !" Elle va raconter L'histoire enfermée Dans le vieux piano mort Et c'est l'aventure Qui bat la mesure De plus en plus fort. Au clair de la vie, Les mains des amis, Les yeux des lendemains, La vie devant nous, L'amour, et puis tout Et tout, et plus rien... Ils sont tous morts Au milieu d'un accord. Ils sont morts dans Ravel, Dans un drôle d'arc-en-ciel. Un soldat est entré... Un soldat est entré... Un piano est mort, et celle-là l'aimait, Quand elle était jeune et quand elle venait se saoûler l' dedans de pathétique En se frottant au piano nostalgique...
Compositor: Paroles: Henri Contet. Musique: Claude Léveillée 1960