Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira de son côté. Ce s'ra dommage voire embêtant, Surtout à l'âge où j'perds mes dents. Elle me dira, la frite en pleurs, Qu'j'ai jamais sû lui ach'ter des fleurs, Qu'elle serait mère, eussè-je été Foutu d'lui faire un seul bébé. Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira de son côté. Dans le registre de mes noirceurs, En haut d'là liste, y aura sa sœur. Ell' me dira des noms d'oiseaux, Me menac'ra de ses ciseaux. Je comprends certes son grand émoi Devant la perte d'un typ' comm' moi. Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira de son côté. Que ma rétine soit bien étanche, Si ça s'termine aux larmes blanches. Ma p'tite chérie pleine de grâce Dirà qu'j'étais un dégueulasse, Hormis peut-être l'émerveill'ment Que j'ai pû être un tel amant. Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira de son côté. Chacun sur l'autre vid'ra son sac, Plein de mécomptes, de coups d'jarnac Et, bien que j'aie les plus grands torts, Je hurlerais un peu plus fort Et, pour ma honte, ma douce agnelle Me f'ra sans doute du thé au miel. Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira de son côté. Si ell' retrousse mon nez mignon Du côté pile de son poêlon, Je m'en irais, tout défrisé, Chez ma maitresse, agoniser Et cette pétasse dira : " Armand, Faudrait qu'tu r'fasses ton testament. " Quand Amélie m'aura quitté, Chacun ira le regretter.