La petite drôl' de fille Avec des yeux trop grands Pour ne pas être bleus, La petite drôl' d'anguille Avalait en courant La forêt quand il pleut Et la terre sur laquelle elle jetait son corps Comme on s'endort sur l'autre, Ce lit où la vie se vautre, Ell' jurait que ses mains y défieraient la mort... Paul, mon petit Paul, tu vois Ces branches que la pluie Dessine sur le ciel, Il m'arrive quelquefois D'imaginer la nuit Des arbres artificiels Et je sais très bien qu'un jour J'animerai la pierr' de mon ciseau-caresse, Oui, le marbre a sa faiblesse Et je veux lui donner la forme de l'amour. Camille, la vie, c'est le seul vrai mélo, Ça part d'un grand éclat de pleurs, Ça rit avec des trémolos... Camille, la vie, c'est un superbe enfer Et Dieu est un curieux sculpteur Qui tue les statues qu'il préfère... La petite drôl' de femme Au fond de l'atelier Du grand Monsieur Rodin, La petite drôl' de dame En habit d'écolier Ignorait le dédain Et faisait sourire une âme Aux lèvres de granit Au milieu du grand vide Où le temps sculpte des rides Aux étangs de champagne Et au front d'Aphrodite. Oh ! Monsieur Rodin, le feu Le feu, je veux pouvoir l'enfermer dans la pierre ! Oh ! Monsieur Rodin, mes yeux, Pourquoi me font-ils mal le soir sous mes paupières ?... La mort, je n'ai pas peur d'elle Mais j'ai peur que l'amour nous oublie en chemin. Nous, les amants immortels, Toi, Auguste Claudel, Moi, Camille Rodin ... Camille, la vie, c'est le seul vrai mélo, Ça part d'un grand éclat de pleurs, Ça rit avec des trémolos... Camille, la vie, c'est un superbe enfer Et Dieu est un curieux sculpteur Qui tue les statues qu'il préfère...
Compositor: Paroles: Claude Lemesle. Musique: Dominique Pankratoff