T'as vu Lolita, Ta pote Marylou, Qu'a un an de moins qu'toi, Qu'j'ai connue bout de chou, T'as vu comme elle a changé tout d'un coup ? Eh ben, ma doudou, Elle a vu le loup.
J'vais pas lui r'procher, Eh, c'est pas un crime, A peine un pêché, Et des plus minimes. D'après sa copine, Qui l'a balancée, C'est à la mi-août Qu'elle a vu le loup.
C'est plus pour la frime Que pour le frisson Qu'un soir de déprime Un gentil couillon A eu le grand bonheur De gagner l'pompon, De cueillir sa fleur Avant la saison.
Hormis la jouissance D'emmerder ses vieux, Y avait pas urgence, Y avait pas le feu, D'autant qu'la romance A duré bien peu. Elle a vu le loup Deux minutes en tout.
Pour la performance, Et puis pour l'extase, La pauvre est, malchance, Tombée sur un naze, Vilain comme un pou, Maladroit comme tout. Elle a vu le loup, Il vaut pas un clou.
Elle a vu le loup, Tant mieux ou tant pis, C'était pas un bon coup, Ni un bon parti. J'lui jette pas la pierre, J'crée pas une émeute. Y paraît qu'sa mère A vu toute la meute.
Quant à toi, ma douce, Ma jolie pucelle, Suce encore ton pouce, Joue à la marelle. C'qu'a fait Marylou, Eh ben, tu t'en fous. Elle a vu le loup, C'était un voyou !
Mais j'espère, ma douce, Que quand viendra l'heure De prendre cette Bastille Sous ta robe à fleurs, Le loup aura l'heur De te plaire autant Pour son joli cœur Que pour ses talents.
S'il est, ce beau jour, Doux comme un agneau, Donne lui ton amour En paquet-cadeau, En plus du diamant Que tu gardes encore, Mais combien de temps ? Au creux de ton corps.