La nuit, j'entre dans notre chambre Sans bruit sur la pointe des pieds Car Anne est une Sicambre Que l'on n'ose pas réveiller.
Je vais dans la salle de toilettes J'ai cinq orifices à laver Car Anne, nue sous la couette, N'aime pas les senteurs trop poivrés.
Ah quel plaisir ! Ah quel plaisir De voir ma femme dans notre lit, Mon Rubens aux formes replètes Qui benoîtement s'assoupit.
Je vais ouvrir les deux fenêtres L'air pur c'est bon pour la santé Mais tout nu, le froid me penètre Et je m' retiens d'éternuer.
Je me glisse dans notre couche Tout contre elle, ah que c'est bon Et j'entends alors sa voix douce \"Ah non, ah non, pas le glaçon!\"
Ah quel plaisir d'aller cueillir Les joies de l'endormissement, Je frôle d'un baiser sa frimousse Et je m'écarte doucement.
Bonne nuit mon amour, ma taupe, Ma beauté pas bottée, pas chapeautée, Pas empotée, mon beau sac-à-délices, Mon émerveillement de l'aube, Ma fée des sous-bois de la forêt d'Senlis.
Ah quel plaisir ! Mieux ce s'rait pire, Quand je l'entends me murmurer \"Ta gueule!\" Que ces mots me réjouissent! C'est fini... J'l'entends ronfler.