SANSEVERINO Le tango de l'ennui (Stéphane Sanseverino)
Je mesure aujourd'hui combien favorisé J'étais quand je travaillais chez P'tit Louis A Ballancourt-sur-Seine dans l'entreprise modèle Je participais à l'expansion. A 5 heures du matin, levé comme à l'aveugle Se lever avaler son café S'enfoncer dans le noir, prendre le bus d'assaut Piétiner dans le métro c'étais le pied.
Anastasie l'ennui m'anesthésie
S'engouffrer au vestiaire, cavaler pour pointer, Enlever sa casquette devant le chef. Faire tourner la machine, baigner toute la journée Dans l'huile polluée, quelle santé ! Surtout ne pas parler et ne pas trop rêver, C'est comme ça que les accidents arrivent Et puis le soir venu, repartir dans l'autre sens, Vers le même enthousiasme voyage.
Anastasie l'ennui m'anesthésie
Heureusement, un jour, Pont-de-Sèvre-Montreuil, Dans le bain de vapeur quotidien, Dans la demi-conscience, au hasard d'un chaos, J'ai senti dans mon dos tes deux seins. Je me suis retourné, je t'ai bien regardée, Et j'ai mis mes deux mains sur tes seins. Tu m'a bien regardé et tu n'as pas bronché, Bien mieux tu m'as souri et j'ai dit :
Anastasie l'ennui m'anesthésie
Tu t'appelais Ernestine ou peut-être Honorine Mains moi je préfère Anastasie. On a été chez toi, ça a duré des mois, J'ai oublié d'aller chez P'tit Louis. Qu'est ce qu'on peut voyager dans une petite carrée On a été partout où c'est bon. . Suite Et puis un soir comme ça, pour éviter l'ennui On décidé de se séparer.
Anastasie l'ennui m'anesthésie
La morale de ce tango, tout à fait utopique, C'est que c'est pas interdit de rêver C'est que si tous les prolos, au lieu d'aller pointer, Décidaient un jour de s'arrêter, Et d'aller prendre leur pied où c'que ça leur plairait Ce serait bien moins polluant que l'ennui, Y'aurait plus de gars comme moi, comme j'étais autrefois Qui se répétaient tous le temps pour tuer le temps.