L'histoire, Ce n'est jamais que des histoires Racontées en bandes dessinées Par des chroniqueurs de victoires Aux générations d'écoliers.
L'histoire, On l'enjolive un peu, beaucoup. I1 faut bien qu'elle soit présentable. Quelques médailles sous le cou, Trois, quatre étoiles sur le râble.
L'histoire Qu'on nous raconte c'est ce héros Qui est tombé pour la patrie, Cette armée pure de Zorros Qui n'attendait plus que Grouchy...
L'histoire, C'est ces statues de demi-dieux, Le sabre au clair, encore debout, Les souvenirs émus des vieux Qui ne sont pas morts dans la boue.
L'histoire, Ce n'est jamais que des histoires, Même pas grivoises, même pas belges, C'est le dernier carré d'grognards Qui s'étripe encore dans la neige.
L'histoire, C'est la plus cynique invention, La machine à bourrer le mou, A faire des p'tits napoléons, Des hitlers, des amin-doudous.
L'histoire, C'est le grand carrefour de la peur, C'est le charnier, c'est l'abattoir, Les craies blanches sur les champs d'horreur Les mouches vertes sur le sang noir/
L'histoire, C'est le mensonge number one, La supercherie, la vérole, L'insidieux picotin d'avoine Qu'on distribue dans les écoles.
L'histoire, Ce n'est jamais que des histoires, Mais jamais des histoires d'amour. Les violons restent dans l'armoire. On n'y fait jouer que le tambour.
L'histoire, C'est les coucheries de nos princes, La couleur des selles du roi, Les complots de bourgeois d'province Au nom de leur raison d'état.
L'histoire, C'est les patrons de nos grands hommes, Tous Machiavel, tous militaires, C'est le grand livre d'or, en somme, De ceux qui nous font faire leurs guerres.
L'histoire... Mais ceci est une autre histoire : C'est l'histoire de la chanson Que j'ai envie d'gueuler ce soir, Histoire de n'pas vieillir trop con !